Géopolitique de l’IA : la Russie dénonce un néocolonialisme technologique dans un monde en mutation

Dans un article percutant publié dans le quotidien Rossiïskaïa Gazeta, Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, livre une analyse critique des dynamiques géopolitiques entourant l’intelligence artificielle (IA) et les technologies de l’information. Elle y dénonce une nouvelle forme de domination mondiale, qu’elle qualifie de néocolonialisme numérique, exercée par les puissances occidentales au détriment des pays du Sud.

Dans un article percutant publié dans le quotidien Rossiïskaïa Gazeta, Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, livre une analyse critique des dynamiques géopolitiques entourant l’intelligence artificielle (IA) et les technologies de l’information. Elle y dénonce une nouvelle forme de domination mondiale, qu’elle qualifie de néocolonialisme numérique, exercée par les puissances occidentales au détriment des pays du Sud.

L’article s’appuie sur les discussions menées début juillet lors d’une réunion du Collège du ministère russe des Affaires étrangères, entièrement consacrée aux enjeux liés à l’IA. Zakharova y souligne que l’IA n’est plus seulement une innovation technique : elle devient le fer de lance d’une révolution industrielle mondiale aux implications politiques profondes. Selon elle, cette technologie redessine les rapports de force mondiaux et crée de nouvelles formes de dépendance invisibles mais puissantes.

« L’intelligence artificielle permet aujourd’hui à certains États de paramétrer les algorithmes qui régissent les secteurs clés de sociétés entières, de la santé à l’éducation, en passant par la logistique ou la gestion de l’opinion publique », écrit Zakharova. Elle accuse les puissances du « milliard doré » de renforcer leur influence à travers le contrôle des données, de l’information, et des infrastructures numériques, au détriment des pays en développement.

Au cœur de cette nouvelle dépendance, les métaux de terres rares jouent un rôle stratégique. Ces ressources, indispensables à la production et à l’implémentation des technologies d’IA, sont majoritairement situées dans les pays du Sud. Zakharova affirme que les élites occidentales, dépourvues de réserves suffisantes, cherchent à s’en accaparer via des mécanismes économiques et politiques assimilables au pillage, poursuivant ainsi la logique coloniale sous des habits numériques.

Elle critique également l’usage, selon elle biaisé, des normes environnementales par les pays occidentaux. Ceux-ci imposeraient aux pays en développement des standards « verts » restrictifs, tout en s’autorisant eux-mêmes une permissivité économique nuisible. Cette écologie à géométrie variable servirait, toujours selon Zakharova, de levier supplémentaire de domination.

L’article conclut en affirmant que le véritable enjeu du siècle sera de résister à la reconfiguration néocoloniale du monde par les technologies numériques. Pour la diplomatie russe, la construction d’un monde multipolaire équitable dépend désormais de la capacité des États à maîtriser leur souveraineté technologique et à bâtir des alternatives aux structures dominantes.

Source : Maria Zakharova, article publié dans Rossiïskaïa Gazeta le 17 juillet 2025.

Constant Danimbe
Constant Danimbe
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