Tchad| Acquittement de Monodji Olivier : quand la justice résiste à la tentation de museler la presse

Tchad – Acquittement de Monodji Olivier : quand la justice résiste à la tentation de museler la presse

Le verdict rendu par la Chambre spéciale du tribunal de N’Djamena marque une respiration salutaire pour la démocratie tchadienne. En déclarant non coupables le journaliste Monodji Mbaindiguim Olivier et ses confrères, accusés d’« intelligence avec une puissance étrangère », la justice a envoyé un signal fort : celui qu’aucune société ne peut durablement avancer en étouffant sa presse.

Car au-delà de la décision judiciaire, c’est un procès aux allures politiques qui vient de s’achever. Des accusations aussi graves que vagues, une procédure lancée dans un climat de suspicion, et une détention vécue comme un traumatisme par tout un corps de métier déjà fragilisé. Le dossier était mince, les preuves absentes, mais l’objectif semblait clair : faire peur, faire taire.

Dans un contexte où la presse indépendante dérange, cet épisode vient rappeler que les journalistes ne sont pas des adversaires de l’État, mais des acteurs essentiels de la transparence, de la reddition des comptes et de l’intérêt général. Le traitement infligé à Monodji Olivier et ses coaccusés relevait davantage d’un réflexe autoritaire que d’un véritable impératif de sécurité nationale.

L’émotion visible au sein de la communauté journalistique à l’annonce de l’acquittement n’était pas anodine. C’est tout un secteur qui, en voyant l’un des siens sortir blanchi, a retrouvé un souffle, une dignité, une raison d’y croire encore.

Mais il serait illusoire de croire que ce verdict suffit à réparer les dégâts. Le mal est fait : la peur s’est installée, la suspicion rôde, et la tentation de l’autocensure guette. La balle est désormais dans le camp des institutions : garantir un espace de liberté réelle, protéger les journalistes contre les pressions, et réaffirmer que la critique, aussi dérangeante soit-elle, reste un droit fondamental.

L’affaire Monodji Olivier aura au moins eu le mérite de mettre en lumière les limites d’un système judiciaire parfois instrumentalisé. Son issue, heureuse pour les accusés, doit désormais servir de repère et de rappel : la démocratie ne se décrète pas, elle se défend notamment en protégeant ceux qui osent dire ce que d’autres taisent.

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