Côte d’Ivoire : Le tambour sacré Djidji Ayôkwé retrouve sa terre natale après un siècle d’exil

C’est une page de l’histoire coloniale qui se tourne et une blessure mémorielle qui entame sa cicatrisation. Plus de cent ans après sa confiscation par l’administration coloniale française, le tambour sacré Djidji Ayôkwé, symbole du peuple Atchan, s’apprête à regagner la Côte d’Ivoire. Ce Lundi, l’Assemblée nationale française a voté en faveur de la restitution de cet instrument ancestral conservé jusqu’ici au Musée du Quai Branly à Paris.

C’est une page de l’histoire coloniale qui se tourne et une blessure mémorielle qui entame sa cicatrisation. Plus de cent ans après sa confiscation par l’administration coloniale française, le tambour sacré Djidji Ayôkwé, symbole du peuple Atchan, s’apprête à regagner la Côte d’Ivoire. Ce Lundi, l’Assemblée nationale française a voté en faveur de la restitution de cet instrument ancestral conservé jusqu’ici au Musée du Quai Branly à Paris.

Ce retour, qualifié de « justice historique », transcende le simple geste diplomatique. Le Djidji Ayôkwé, long de trois mètres pour un poids de 430 kilos est bien plus qu’un objet d’art : il incarnait jadis l’organe de communication du village, transmettant les messages d’alerte ou les décisions collectives à travers ses vibrations profondes. Confisqué en 1916 au cœur de la résistance à l’enrôlement colonial, son exil en France symbolisait le déni culturel et l’effacement des identités africaines.

Demandée officiellement par les autorités ivoiriennes en 2019, la restitution du tambour a connu une accélération après sa restauration en 2022. Elle ouvre désormais la voie à la restitution de 148 autres objets d’art ivoiriens détenus en France. En Côte d’Ivoire, l’événement est vécu avec une émotion intense. Des cérémonies de purification sont prévues pour accueillir le tambour dans le respect des traditions, et rétablir son rôle sacré au sein de la communauté Atchan.

Ce retour tant attendu s’inscrit dans un mouvement plus large de reconquête du patrimoine africain, amorcé par plusieurs pays du continent. Il rappelle que la mémoire ne peut être complète tant que les symboles identitaires restent prisonniers d’un passé colonial non soldé. Avec le Djidji Ayôkwé, c’est une voix longtemps réduite au silence qui va enfin résonner à nouveau sur sa terre d’origine.

Constant Danimbe
Constant Danimbe
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