Alors que le Togo traverse une profonde crise politique depuis l’adoption controversée d’une nouvelle Constitution instaurant une Vème République, le mouvement Tournons La Page (TLP) et une trentaine d’organisations de la société civile montent au créneau. Dans une déclaration rendue publique ce 2 juillet, les signataires appellent la CEDEAO à rectifier son communiqué publié à la suite des manifestations citoyennes des 26, 27 et 28 juin, estimant que l’organisation sous-régionale fait preuve de laxisme et de partialité.
Une réduction politique jugée inacceptable
Dans son communiqué initial, la CEDEAO évoque une simple « tension sociale », une lecture minimaliste que dénonce TLP. Pour le collectif, cette présentation occulte les causes politiques profondes du soulèvement populaire, notamment l’adoption unilatérale d’une nouvelle Constitution par voie parlementaire, sans référendum ni consultation nationale. Une décision jugée comme une rupture de l’ordre constitutionnel.
Silence sur la légalité régionale et internationale
Tournons La Page accuse la CEDEAO de méconnaître ses propres textes. L’organisation rappelle les engagements du Togo au titre du Protocole A/SP1/12/01 sur la démocratie et la bonne gouvernance, interdisant notamment les modifications anticonstitutionnelles. La société civile togolaise s’appuie également sur la Charte africaine de la démocratie, qui prévoit des sanctions claires en cas de changement anticonstitutionnel de gouvernement.
Une position qui banalise la répression
Autre point de crispation : l’absence de condamnation des violences commises contre les manifestants. Alors que plusieurs cas de morts, de tortures, d’arrestations arbitraires et de restrictions de l’espace civique ont été documentés, la CEDEAO appelle simplement « les deux parties à la retenue », sans mentionner l’usage disproportionné de la force par les autorités. Un silence interprété comme un blanc-seing aux violations des droits humains.
La CEDEAO pointée du doigt pour son rôle ambigu
Tournons La Page souligne également la responsabilité indirecte de la CEDEAO dans cette crise. Avant les législatives d’avril 2024, l’organisation avait envoyé une mission d’évaluation politique au Togo, censée jauger le climat sociopolitique. Selon TLP, sous pression du gouvernement togolais, cette mission aurait été transformée en une simple mission « exploratoire », vidée de sa portée initiale. Un recul perçu comme une forme de complicité passive dans la dérive actuelle.
Un appel pressant à la révision du positionnement régional
Face à ce qu’ils qualifient de « trahison des principes démocratiques », les signataires exigent de la CEDEAO une prise de position claire en faveur du retour à l’ordre constitutionnel, de la reconnaissance du droit à manifester pacifiquement et de la mise en œuvre de sanctions conformément à ses textes fondateurs.
À l’heure où la confiance entre les citoyens et les institutions régionales s’effrite, l’appel de la société civile togolaise résonne comme un cri d’alarme en faveur de la démocratie, du droit et de la justice dans l’espace CEDEAO.



