La Réserve de Faune de Ouadi Rimé-Ouadi Achim (RFOROA), joyau de la biodiversité sahélienne, a récemment été au centre d’une initiative inédite visant à renforcer la conservation des vautours au Tchad. Le 24 juin dernier, un atelier stratégique organisé à N’Djamena par Sahara Conservation en partenariat avec le Ministère de l’Environnement, de la Pêche et du Développement durable, et avec le soutien du projet ALBIA financé par la Banque mondiale, a réuni une diversité d’acteurs engagés pour la faune sauvage.
Autorités publiques, ONG environnementales, gestionnaires d’aires protégées et membres de la société civile ont échangé autour d’un constat alarmant : les populations de vautours sont en fort déclin, victimes notamment de l’empoisonnement, volontaire ou accidentel.
Une espèce sentinelle en danger
Coordonnée par M. Étienne Bemadjim Ngakoutou, Directeur de la Faune et des Aires Protégées, la rencontre a permis de présenter les résultats d’un suivi rigoureux des vautours dans la RFOROA. Ces rapaces, souvent mal aimés, jouent pourtant un rôle écologique crucial en assurant le nettoyage des carcasses et en limitant la propagation de maladies.
Les données partagées ont mis en lumière les menaces persistantes qui pèsent sur ces espèces : empoisonnements ciblés ou collatéraux (notamment via les pesticides), braconnage, électrocution sur les lignes électriques, et perte d’habitat.
Un engagement multisectoriel pour des solutions durables
Au-delà du diagnostic, l’atelier a permis de jeter les bases d’un futur réseau national dédié à la conservation des vautours. Parmi les actions prioritaires identifiées figurent la sensibilisation des communautés rurales, la formation des agents de conservation, le renforcement des systèmes d’alerte en cas d’empoisonnement et l’élaboration de mécanismes juridiques plus robustes.
Les participants ont insisté sur l’importance d’une approche collaborative, impliquant aussi bien les éleveurs que les autorités coutumières, les chercheurs et les décideurs politiques.
Une reconnaissance nouvelle au niveau national
Jusqu’alors peu présents dans les politiques publiques, les vautours sont désormais reconnus comme des espèces clés pour l’équilibre écologique du Sahel tchadien. Cet atelier marque un tournant dans la volonté des autorités et des partenaires de conservation de leur accorder une attention spécifique.
« Il ne s’agit plus seulement de protéger une espèce, mais de préserver un service écologique vital et de construire une résilience environnementale face aux pressions croissantes sur les écosystèmes sahéliens », a résumé un intervenant de Sahara Conservation.
Trace Infos continuera à suivre les évolutions de cette initiative et les retombées concrètes sur le terrain. La sauvegarde des vautours est aussi un révélateur de notre capacité collective à protéger la biodiversité fragile du Tchad.