La ville d’Alindao, dans la préfecture de la Basse-Kotto, a été le théâtre d’une semaine de réflexions intenses pour la Conférence Épiscopale de Centrafrique (CECA). Au terme de leur deuxième session ordinaire, achevée ce 22 juin 2025, les évêques centrafricains ont adressé un message fort à la Nation, plaçant l’espérance au cœur de leurs préoccupations face aux défis sécuritaires, politiques et diplomatiques qui secouent le pays.
Climat Politique Tendu : Un Appel à la Décrispation
Réunis autour d’un thème central axé sur l’espérance, les prélats n’ont pas caché leur inquiétude face à la crise et au blocage politique persistants entre le pouvoir, l’opposition et la société civile. Dans un contexte de discours de haine croissants à l’approche des élections, les évêques ont lancé un appel pressant à la décrispation du climat politique pour le bien commun de tous les Centrafricains. Un message crucial qui souligne l’urgence d’un dialogue constructif et d’une réconciliation nationale.
Sécurité Nationale : Urgence d’Équipements et Menace Humanitaire
Le chapitre sécuritaire a également dominé les discussions de la CECA. Conscients des menaces pesant sur l’intégrité territoriale, notamment sur l’axe Birao-Amdafock, les évêques ont plaidé pour un renforcement des équipements des Forces de Défense et de Sécurité. Leur objectif : permettre à ces forces d’assurer pleinement leur mission de protection des citoyens et de défense des frontières.Par ailleurs, la situation humanitaire à Birao a été mise en lumière avec gravité. Les évêques ont alerté sur la présence de plus de 26 750 réfugiés soudanais dans cette localité, où la population locale s’élève à environ 19 000 habitants. Une proportion alarmante qui, selon eux, fait peser un risque d’invasion et de submersion sur les communautés centrafricaines. Cette situation souligne l’urgence d’une réponse coordonnée pour gérer cet afflux et prévenir d’éventuelles tensions.
Sortir de l’Assistanat : Un Enjeu de Souveraineté
La suspension des aides de l’administration américaine a également été un point central de la déclaration épiscopale. L’Église catholique a reconnu les impacts « réels et inquiétants » de cette décision sur une population largement dépendante des subventions des ONG internationales. Face à cette vulnérabilité, les évêques ont exhorté le pays à « sortir de l’assistanat » et à « mettre en place des mécanismes pour faire face aux défis ». Un appel à l’autonomie et à la mise en œuvre de solutions endogènes pour assurer le développement durable du pays.
Le message des évêques d’Alindao résonne comme un cri d’alarme et un appel à l’action. Entre la nécessité d’un apaisement politique, le renforcement de la sécurité nationale face aux défis migratoires et la quête d’une plus grande autonomie, la Centrafrique se trouve à un carrefour crucial. La voix de l’Église, forte de son influence morale, espère impulser un changement positif pour l’avenir de la Nation.
