L’affaire de détournement présumé de 19 millions de francs congolais continue d’ébranler les institutions, opposant frontalement le ministre d’État en charge de la Justice, Constant Mutamba, et le Parquet général près la Cour de cassation. Dans un développement inédit, la haute juridiction, par la voix de Me Simon Nyandu Shabandu, directeur de cabinet du Parquet, a annoncé dans une correspondance officielle sa récusation ainsi que celle de tous les magistrats placés sous son autorité, en réponse à une lettre du ministre datée du 10 juin.
Ce geste, aussi symbolique que stratégique, marque une rupture nette dans la gestion d’un dossier devenu explosif. Le Parquet indique que l’instruction préjuridictionnelle est désormais « clôturée » en ce qui concerne le ministre de la Justice, accusé de détournement de fonds publics. Une déclaration qui, loin d’apaiser les tensions, relance les spéculations sur les motivations réelles derrière cette démarche inhabituelle.
Dans sa lettre, Me Nyandu appelle le ministre à faire preuve de retenue et rappelle que « seul le droit » doit guider les actes dans une République qui se veut de droit. Un message clair à l’endroit d’un membre du gouvernement soupçonné d’interférer dans une procédure judiciaire qui le concerne.
Cette décision de récusation collective soulève de vives interrogations sur l’indépendance du pouvoir judiciaire en RDC. Certains analystes y voient une manœuvre pour éviter un conflit d’intérêts dans un contexte de forte pression politique, tandis que d’autres dénoncent une possible instrumentalisation de la justice par l’exécutif.
Alors que les regards sont tournés vers les prochaines étapes de ce feuilleton politico-judiciaire, une chose est certaine : la bataille entre Firmin et Mutamba est loin d’être close. Elle s’inscrit désormais au cœur d’un débat plus large sur l’État de droit et l’équilibre des pouvoirs en République démocratique du Congo.

