Centrafrique : bras de fer institutionnel autour du football national

Centrafrique : bras de fer institutionnel autour du football national

Une crise ouverte secoue le sommet du football centrafricain. Le conflit larvé entre la Fédération Centrafricaine de Football (FCF) et le ministère de la Jeunesse et des Sports a franchi un nouveau seuil ce 10 juin, avec la suspension de cinq hauts responsables de la fédération, dont son président, Célestin Yanendji. Une décision ministérielle qui jette un trouble profond sur la gouvernance du sport-roi dans le pays.

Dans un arrêté au ton particulièrement sévère, le ministre centrafricain de la Jeunesse et des Sports reproche aux dirigeants fédéraux des fautes graves : outrage à la sélection nationale, gestion opaque des ressources, et refus de rendre compte des activités administratives et financières de la fédération. Le document stipule par ailleurs que les personnes visées perdent toute légitimité à représenter la FCF, tant sur le plan national qu’international.

La fédération, quant à elle, dénonce une ingérence politique inacceptable. Dans un communiqué publié sur ses plateformes numériques, la FCF accuse le ministère de chercher à provoquer une suspension de la Centrafrique par la FIFA. Une telle mesure, en vertu des règles de l’instance internationale, pourrait survenir en cas d’intervention gouvernementale jugée abusive dans les affaires du football national.

Derrière cette confrontation institutionnelle, ce sont plusieurs projets d’envergure qui se retrouvent aujourd’hui fragilisés. La FCF évoque notamment la construction du centre technique Faustin Archange Touadéra à Liton et du stade moderne de Mboko/Landja, deux infrastructures censées incarner l’avenir du football centrafricain. Leur réalisation pourrait être compromise si le bras de fer entre les deux parties venait à s’aggraver.

Sur le fond, cette querelle illustre une problématique récurrente dans de nombreux pays africains : la difficile cohabitation entre les structures sportives autonomes et les autorités politiques. Si la fédération tire sa légitimité d’un mandat électif et d’une autonomie reconnue par la FIFA, elle n’en demeure pas moins tributaire de l’appui étatique pour fonctionner et financer ses projets.

Des analystes locaux redoutent déjà une escalade susceptible d’entraîner des sanctions internationales. En effet, toute tentative de destitution des dirigeants fédéraux sans passer par une assemblée générale conforme aux statuts de la FIFA pourrait être interprétée comme une violation de la charte du football mondial.

Dans l’attente d’un éventuel arbitrage au sommet de l’État ou d’une médiation indépendante, les tensions entre la FCF et le ministère de la Jeunesse et des Sports laissent planer une ombre inquiétante sur l’avenir du football centrafricain. Pendant ce temps, les Fauves, toujours en regroupement au Maroc, suivent à distance une polémique qui détourne l’attention des enjeux sportifs pour plonger le football national dans une incertitude institutionnelle préoccupante.

Constant Danimbe
Constant Danimbe
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