Le ciel tchadien s’assombrit une fois de plus sur les libertés fondamentales. Ce matin, une scène à peine croyable s’est déroulée à l’aéroport international Hassan Djamous. Max Kemkoye, figure de l’opposition politique et président de l’Union des Démocrates pour le Développement et le Progrès (UDP), a été empêché d’embarquer pour un vol à destination de Yaoundé, dans le cadre d’un voyage privé.
Selon le récit livré par l’opposant lui-même, l’incident survient après l’enregistrement de ses bagages et la remise de son boarding pass, alors qu’il attendait tranquillement dans la salle d’embarquement. À l’annonce de l’embarquement, l’agent au guichet lui oppose une phrase lapidaire : « C’est comment encore ? » avant de lui notifier qu’une instruction de dernière minute exige l’annulation de son vol, une décision prise à son insu, pendant qu’il attendait son tour comme tout autre passager.
Une décision arbitraire, sans explication
« Même ma valise enregistrée n’a pas été embarquée », confie Kemkoye, qui dit n’avoir reçu aucune explication officielle sur les raisons de cette mesure surprise. Ce n’est qu’après un appel de l’agent aux “supérieurs hiérarchiques” que la consigne est finalement levée, autorisant l’opposant à embarquer après réenregistrement complet.
« En plus de trente ans de déplacements à l’étranger, je n’ai jamais vécu pareilles choses », déclare-t-il, visiblement choqué.
Une atteinte à la liberté de circulation ?
Si la situation s’est finalement dénouée, l’incident laisse planer de nombreuses interrogations sur la liberté d’aller et venir au Tchad, notamment pour les acteurs politiques. Pour Max Kemkoye, l’épisode n’a rien d’anodin. Il dénonce une tentative d’intimidation politique et met en garde contre une dérive autoritaire qui risque de miner la confiance des citoyens, mais aussi l’image du pays à l’international.
« Restreindre la liberté de circuler des citoyens pour un rien compromet gravement la confiance dans les institutions », affirme-t-il, tout en soulignant qu’il ignore encore ce qui l’attend à son retour.
Une pratique inquiétante
Dans un contexte national déjà tendu, cette mésaventure interpelle. Est-ce le signe d’un durcissement silencieux du pouvoir face à ses opposants ? Le message est en tout cas glaçant : nul n’est à l’abri d’un contrôle arbitraire, même pour un simple déplacement privé.
Pour Max Kemkoye, ce genre de manœuvre ne fait que confirmer les limites du dialogue politique au Tchad. « Même s’il y a des problèmes, en démocratie, on n’embastille pas ses opposants par tous les moyens. On dialogue avec eux », conclut-il avec gravité.
Un précédent à ne pas banaliser
Alors que le pays tente de se reconstruire après des années de transition politique incertaine, les restrictions abusives contre des leaders politiques fragilisent davantage la légitimité des institutions et la cohésion sociale. Ce type d’incident ne peut être réduit à une simple “erreur de procédure”. Il constitue un signal préoccupant pour l’exercice des libertés publiques au Tchad.