L’ancien prĂ©sident ivoirien Laurent Gbagbo, figure emblĂ©matique de la scène politique en CĂ´te d’Ivoire, est de nouveau au cĹ“ur d’une vive polĂ©mique. Ă€ moins de cinq mois de l’élection prĂ©sidentielle prĂ©vue pour octobre 2025, sa radiation de la liste Ă©lectorale provisoire, dĂ©cidĂ©e par la Commission Ă©lectorale indĂ©pendante (CEI), soulève une tempĂŞte politique et juridique.
⚖️ Une radiation fondée sur une condamnation nationale… controversée
La CEI a justifiĂ© l’exclusion de M. Gbagbo par une condamnation par contumace Ă 20 ans de prison, prononcĂ©e en 2018 par la justice ivoirienne pour « vol aggravé » dans l’affaire du braquage de la BCEAO (Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest). Cette condamnation, jamais exĂ©cutĂ©e en raison de l’absence de procès en prĂ©sence de l’intĂ©ressĂ©, contraste fortement avec l’acquittement dont il a bĂ©nĂ©ficiĂ© en 2021 devant la Cour pĂ©nale internationale (CPI), qui le jugeait pour crimes contre l’humanitĂ© commis durant la crise post-Ă©lectorale de 2010-2011.
Cette dichotomie judiciaire alimente une vive controverse : peut-on écarter un ancien chef d’État de la compétition électorale sur la base d’une décision de justice nationale contestée, alors qu’il a été blanchi par une juridiction internationale ? Pour les partisans de Laurent Gbagbo, la réponse est clairement non.
🔥 Une “humiliation politique” selon Gbagbo
Dans une déclaration musclée, Laurent Gbagbo a dénoncé ce qu’il considère comme une “humiliation politique” orchestrée pour l’empêcher de concourir. À 80 ans, l’ancien président refuse de se résigner. Il affirme vouloir défendre son honneur, ses convictions démocratiques et la souveraineté de la Côte d’Ivoire contre ce qu’il qualifie de manœuvres d’exclusion arbitraires et d’ingérences extérieures.
L’exclusion de son nom de la liste électorale est, selon lui, non seulement une attaque contre sa personne, mais aussi un signal préoccupant sur l’état de la démocratie ivoirienne. Il pointe du doigt les récentes arrestations de membres de son parti et y voit une stratégie d’intimidation politique.
🧠Entre légalité et légitimité : une ligne fragile
Si juridiquement, la CEI s’appuie sur la loi Ă©lectorale pour radier toute personne condamnĂ©e Ă une peine de prison, la lĂ©gitimitĂ© politique d’une telle mesure reste sujette Ă dĂ©bat. Dans un contexte post-crise encore fragile, oĂą la rĂ©conciliation nationale peine Ă se concrĂ©tiser pleinement, cette dĂ©cision pourrait exacerber les tensions au lieu de les apaiser.
Nombre d’observateurs s’interrogent : la démocratie peut-elle se renforcer en excluant les figures historiques du débat politique, même controversées ? À l’inverse, faut-il balayer les condamnations judiciaires sous prétexte de stature politique ?
🌍 Un enjeu pour la stabilité et la crédibilité électorale
À l’approche de l’échéance électorale de 2025, la Côte d’Ivoire joue gros. La transparence du processus électoral, la neutralité des institutions et le respect des droits civiques seront des critères scrutés de près par les électeurs, les partenaires régionaux et la communauté internationale.
La décision de la CEI pourrait ainsi marquer un précédent : celui d’une démocratie qui peine à concilier justice, équité et pluralisme politique. Ou au contraire, celui d’un pouvoir judiciaire affirmé, insensible aux pressions des grands noms.
🗣️ Une démocratie testée, un pays à la croisée des chemins
Au final, cette affaire n’est pas seulement celle d’un homme ou d’un parti, mais celle d’un pays qui continue de chercher un équilibre entre mémoire, justice, réconciliation et avenir démocratique.
La question reste entière : l’exclusion de Laurent Gbagbo est-elle une décision de droit, ou une stratégie politique camouflée ?Le verdict, cette fois, pourrait bien venir des urnes. Si les conditions d’un scrutin libre et inclusif sont réunies.