La scène politique congolaise a été secouée par une image inattendue : Félix Tshisekedi et Martin Fayulu, deux anciens alliés devenus adversaires politiques, réunis au Palais de la Nation. Plus qu’un simple échange de civilités, cette rencontre a des allures de manœuvre politique majeure dans un contexte de fortes tensions économiques, sociales et sécuritaires en République démocratique du Congo.
Un geste politique hautement symbolique
Après des années d’opposition farouche, Martin Fayulu a franchi un pas décisif en sollicitant et en obtenant une audience auprès du chef de l’État. Cette démarche, qu’il justifie par « la nécessité de créer un camp de la patrie », traduit une inflexion stratégique dans son positionnement. L’ancien candidat malheureux à la présidentielle ne parle plus seulement d’alternance mais de dialogue national, de pacte social, et de cohésion nationale.
En tendant la main à Félix Tshisekedi, Fayulu envoie un signal fort : celui de vouloir dépasser la logique de confrontation pour inscrire son action dans une perspective de refondation républicaine. Un discours qui s’inscrit dans la lignée des appels lancés par la CENCO et l’ECC, deux acteurs influents de la société civile congolaise.
Tshisekedi à l’épreuve du consensus
Pour Félix Tshisekedi, cette rencontre offre une double opportunité : désamorcer les tensions politiques tout en renforçant son image d’homme d’ouverture. En recevant un opposant aussi intransigeant que Fayulu, il se positionne comme garant du dialogue républicain. Mais cette ouverture n’est pas sans risques : comment concilier l’appel à unité nationale avec les exigences d’un pouvoir présidentiel encore contesté sur plusieurs fronts, notamment dans l’Est du pays ?
Le chef de l’État devra surtout éviter de donner l’impression d’une récupération politique ou d’une manœuvre en vue d’un élargissement de la majorité. L’absence de discussions sur une entrée de Fayulu dans les institutions, confirmée par l’intéressé, rassure à ce stade les partisans d’un dialogue sincère.
Vers une reconfiguration politique ?
Cette rencontre pourrait-elle annoncer une recomposition politique en RDC ? Rien n’est moins sûr. Mais dans un pays où la polarisation a longtemps bloqué toute initiative d’intérêt commun, l’image des deux hommes côte à côte change la donne. Elle donne de la matière à ceux qui rêvent encore d’une union sacrée au service de la nation.
Surtout, elle réhabilite l’idée que la politique ne se résume pas à des luttes de pouvoir, mais peut aussi être un espace de responsabilité collective, dans un contexte de crise profonde.
Du duel au duo ?
Si aucun accord formel n’a été annoncé, cette rencontre pourrait marquer le début d’un nouveau cycle politique. L’histoire politique congolaise a montré qu’aucune alliance n’est impossible. Reste à savoir si ce rapprochement se traduira par des actes concrets ou s’il restera un simple symbole.




