Alors que les projecteurs mondiaux semblent se détourner peu à peu des zones de conflits africaines, le dernier rapport de l’Indice mondial du terrorisme (GTI) 2024 ramène cruellement à la réalité : le Sahel est devenu l’épicentre du terrorisme mondial. Un constat glaçant qui place à nouveau l’Afrique au cœur d’une crise sécuritaire majeure, mais qui peine toujours à mobiliser une réponse internationale à la hauteur des enjeux.
🔹 Le GTI est publié chaque année par l’Institute for Economics & Peace (IEP).
🔹 Il évalue l’impact du terrorisme dans 163 pays à travers quatre indicateurs : nombre d’attentats, nombre de morts, nombre de blessés et dégâts matériels.
🔹 Le score maximal (10) correspond au niveau d’impact le plus élevé.
Burkina Faso, Mali, Niger : trio infernal du Sahel
Si le Burkina Faso enregistre une baisse apparente des attaques et décès liés au terrorisme, il reste le pays le plus touché au monde, avec un score GTI de 8,581. Un paradoxe qui traduit moins un recul de la menace qu’une restructuration stratégique des groupes armés, qui concentrent désormais leurs actions sur des zones moins protégées.
Le Mali (7,907) et le Niger (7,776) suivent de près, minés par des armées sous-équipées, un retrait progressif des partenaires étrangers et une transition politique qui fragilise davantage l’autorité de l’État.
« L’espace laissé vacant par les forces étrangères devient un champ libre pour les groupes extrémistes », alerte une source sécuritaire régionale.
Le Tchad en alerte : une pression silencieuse
Avec un score de 5,032, le Tchad ferme ce classement, mais n’échappe pas à la spirale d’insécurité. Des groupes armés, parfois transfrontaliers, opèrent dans la zone du Lac et dans l’Est du pays. La situation reste tendue, d’autant plus que les moyens sécuritaires sont absorbés par des priorités politiques internes.
Une guerre asymétrique aux visages multiples
Le rapport souligne la responsabilité croissante de l’État islamique et de ses filiales, notamment en Afrique de l’Ouest. Ces groupes sont impliqués dans près de 4 204 décès à travers 30 pays en 2024. Le JNIM, al-Shabaab, le TTP et l’ISWAP constituent les principales organisations actives.
Dans ce contexte, le retrait des forces internationales, notamment françaises, conjugué à la faiblesse des États, crée une insuffisance sécuritaire que les groupes extrémistes exploitent avec brutalité.
Que faire ?
Le GTI 2024 ne se contente pas d’alerter. Il lance un appel à renforcer la coopération régionale, à réinvestir dans la gouvernance locale et à redonner de la légitimité aux États. Des mesures qui doivent aller de pair avec un soutien accru à la société civile et à la jeunesse, principales cibles du recrutement terroriste.
Mais au-delà des mots, ce sont des actes concrets qu’attendent les populations de Gao, Diffa, Dori ou Baga Sola. Car tant que la sécurité restera un luxe dans le Sahel, la paix durable ne sera qu’un mirage.



