Un vent de tension souffle sur les institutions centrafricaines. Dans une recommandation adressée au Premier ministre, l’Assemblée nationale a demandé, sans détour, le limogeage immédiat du ministre de la Jeunesse, des Sports et de l’Éducation civique, M. Héritier Doneng. En cause : des propos jugés virulents, irrespectueux et diffamatoires à l’endroit d’un député membre de la Conférence des présidents.
Un dérapage dénoncé au sommet de l’État
C’est à la suite d’une audition tenue le 2 mai 2025 devant la Conférence des présidents, organe politique clé de l’Assemblée nationale, que l’affaire a éclaté. Le ministre Doneng y était entendu au sujet d’une note controversée lui étant attribuée, et qui aurait suspendu la participation de l’équipe nationale A à toutes les compétitions internationales. Si l’échange s’est, en apparence, déroulé dans le calme, la suite a provoqué un séisme politique.
Selon le document signé par Evariste Ngamana, Premier Vice-Président de l’Assemblée nationale, le ministre se serait ensuite livré, sur les réseaux sociaux, à des attaques virulentes contre un député de la majorité. Ces publications ont été jugées « insultantes, moqueuses et diffamatoires » par la représentation nationale, provoquant une vague d’indignation au sein de la classe politique et de l’opinion publique.
Une fracture entre exécutif et législatif ?
Dans sa correspondance, le Parlement rappelle que de tels agissements ne relèvent pas d’un simple débordement verbal, mais constituent un acte grave d’indiscipline gouvernementale. Pire, il s’agirait d’une atteinte à l’équilibre institutionnel voulu par la Constitution, mettant en jeu la cohésion entre les pouvoirs exécutif et législatif.
Les députés estiment que le comportement du ministre Doneng « porte atteinte à l’intégrité morale de l’Assemblée nationale » et envoie un signal dangereux à la jeunesse, notamment en ce qui concerne le respect des valeurs civiques qu’il est censé promouvoir.
Des recommandations sans Équivoque
Face à ce qu’elle qualifie de dérive intolérable, l’Assemblée nationale formule deux recommandations claires : la condamnation officielle de l’attitude du ministre et son limogeage immédiat de toutes ses fonctions ministérielles. Ces mesures, selon la note, visent à préserver l’intérêt supérieur de l’État, la paix institutionnelle et le respect de l’ordre républicain.
La balle est désormais dans le camp du Premier ministre. Sa réaction sera scrutée de près dans un contexte où la stabilité politique demeure fragile en République centrafricaine.