C’est une avancée diplomatique majeure sur le continent africain. Ce vendredi, la famille de l’ex-président gabonais Ali Bongo Ondimba a atterri à Luanda, la capitale angolaise, marquant l’aboutissement d’une médiation orchestrée dans la plus grande discrétion par le président angolais João Lourenço. À la tête de l’Union africaine depuis janvier, le chef d’État s’est personnellement impliqué pour faciliter ce dénouement dans un climat politique tendu au Gabon.
Depuis la prise du pouvoir par le général Brice Clotaire Oligui Nguema en août 2023, à la suite d’un coup d’État militaire ayant mis fin à plus d’un demi-siècle de règne de la famille Bongo, les proches de l’ancien président étaient maintenus sous surveillance, certains en résidence surveillée. Cette situation préoccupait nombre d’observateurs internationaux, tant pour les droits humains que pour la stabilité de la transition en cours.
Une médiation silencieuse, mais stratégique
C’est en coulisses que Luanda a joué sa carte. João Lourenço, déjà reconnu pour son rôle actif dans plusieurs médiations régionales, a discrètement noué le dialogue avec Libreville, misant sur une sortie pacifique et honorable pour la famille déchue. Selon des sources diplomatiques, des discussions ont été menées durant plusieurs mois avec les autorités gabonaises, sous l’égide de l’UA, afin d’éviter toute surenchère politique ou médiatique.
L’Angola, qui aspire à renforcer son rôle d’acteur de paix sur le continent, s’impose ainsi comme un partenaire crédible dans la résolution des crises post-coup d’État, dans la droite ligne de sa diplomatie préventive.
Un geste à forte portée symbolique
L’arrivée des membres de la famille Bongo à Luanda ne signe pas seulement la fin d’une période d’isolement. Elle envoie un signal fort : celui d’un apaisement progressif au Gabon, mais aussi de la volonté de l’Union africaine de jouer un rôle actif dans les processus de transition. João Lourenço, en facilitateur discret, s’illustre comme un artisan de paix, à l’image de ses prédécesseurs ayant incarné la médiation africaine.
Du côté de Libreville, ce geste s’inscrit aussi dans une stratégie d’ouverture. En libérant la famille Bongo sans fracas, le régime du général Oligui Nguema montre sa capacité à gérer l’après-Bongo avec maîtrise, tout en envoyant des signaux positifs à la communauté internationale.
Vers un nouveau cycle diplomatique en Afrique centrale ?
Cette opération de médiation réussie pourrait inspirer d’autres dynamiques dans une région marquée par des transitions fragiles et des tensions post-électorales. L’Union africaine, souvent critiquée pour son manque de réactivité, pourrait y trouver un nouveau souffle, à condition que cette impulsion s’accompagne d’un suivi concret sur le terrain.
Pour l’heure, l’initiative angolaise illustre le pouvoir du dialogue discret et l’importance d’un leadership continental assumé.




