La coopération numérique entre le Tchad et le Cameroun franchit une nouvelle étape. Ce mercredi, les autorités en charge des télécommunications des deux pays ont donné le coup d’envoi d’une réunion technique de haut niveau à Yaoundé, visant à renforcer l’interconnexion par fibre optique et améliorer la qualité des services numériques transfrontaliers.
La délégation tchadienne, conduite par le ministre des Télécommunications, de l’Économie Numérique et de la Digitalisation de l’Administration, Dr Boukar Michel, a été accueillie par son homologue camerounaise, Mme Libom Li Likeng Minette, ministre des Postes et Télécommunications. Ensemble, ils ont lancé les travaux dans la salle de conférence dudit ministère.
Une artère numérique vitale
Dépourvu d’accès à la mer, le Tchad dépend du Cameroun pour son raccordement au réseau international via la fibre optique exploitée par la Cameroon Telecommunications (CAMTEL). Cette infrastructure constitue une véritable colonne vertébrale pour l’économie numérique tchadienne, facilitant les échanges de données et l’accès à Internet.
Mais cette dépendance s’accompagne de défis persistants : dégradations du service, interruptions fréquentes, accès inégal à la bande passante… Autant de dysfonctionnements qui ont motivé cette rencontre, conformément à la volonté des autorités tchadiennes, soucieuses de trouver des réponses aux plaintes de leurs concitoyens sur la mauvaise qualité des services télécoms.
Vers une gouvernance concertée du numérique
À l’ouverture des travaux, le Dr Boukar Michel a mis en avant la nécessité d’un partenariat renforcé entre les deux pays, citant comme leviers clés :le déploiement de la fibre optique transfrontalière, la gestion coordonnée du spectre des fréquences, la mise en œuvre d’un protocole d’accord sur le roaming gratuit en zone CEMAC.
« Assurer un accès équitable aux services numériques est un impératif moral, économique et stratégique », a-t-il martelé, tout en soulignant que ces initiatives visent à réduire la fracture numérique au Tchad et à favoriser l’inclusion des zones enclavées.
Des défis partagés, des solutions communes
La ministre camerounaise a pour sa part salué cette dynamique bilatérale qui s’inscrit dans une vision régionale. « Cette rencontre technique est l’occasion de bâtir des solutions concertées face aux défis communs que sont l’interconnexion, la continuité de service, la gestion des infrastructures critiques et la convergence tarifaire », a déclaré Mme Libom Li Likeng.
Durant deux jours, les experts des deux pays vont examiner plusieurs points sensibles, notamment : la qualité du trafic numérique entre N’Djamena et Douala, l’accessibilité à une bande passante suffisante, la relation entre CAMTEL et la SOTEL Tchad, et les problèmes d’interférences dans les zones frontalières liés à la couverture croissante des opérateurs camerounais.
Un enjeu de souveraineté et d’intégration
Au-delà des aspects techniques, cette rencontre illustre les enjeux stratégiques que représente le numérique pour les États sahéliens enclavés comme le Tchad. L’interconnexion ne se limite pas à un tuyau de fibre optique : elle est un vecteur de développement, d’intégration régionale et de souveraineté numérique.
