Tchad – Dialogue politique : Le GCAP refuse le simulacre et dénonce une manœuvre de légitimation du pouvoir

Dans un climat socio-politique tendu, le Groupe de Concertation des Acteurs Politiques (GCAP) a tenu un point de presse pour dénoncer ce qu’il qualifie de « manipulation politique » autour de la mise en place d’un nouveau cadre de dialogue par le pouvoir en place. Pour la coalition d’opposition, cette initiative n’est rien d’autre qu’un subterfuge visant à consolider le pouvoir présidentiel au détriment d’un véritable débat démocratique.

Dans une déclaration sans détour, le GCAP s’interroge sur l’opportunité d’un dialogue enclenché dans un contexte où les préoccupations sécuritaires et les violations des droits humains ne font l’objet d’aucune concertation nationale. « Quand il s’agit de la sécurité des Tchadiens, jamais le président n’a convoqué les acteurs politiques pour en parler », déplore la déclaration. L’enlèvement de figures politiques et l’arrestation de journalistes sont également cités comme exemples d’un pouvoir sourd aux voix discordantes.

Le GCAP met en garde contre l’instrumentalisation du dialogue politique à des fins de contrôle des oppositions. Selon lui, le nouveau cadre voulu par le pouvoir n’est qu’un organe paritaire de façade, où une opposition infiltrée servirait à valider les décisions de la majorité. « Il suffirait que le GCAP accepte d’y siéger, et la question de l’illégitimité serait réglée », analyse le document.

Sur le plan juridique, le GCAP fustige une « ignorance volontaire des principes constitutionnels ». Il rappelle que la création d’un organe de dialogue n’a de légitimité que s’il est conforme à la Constitution. « Le président ne peut nommer dans des structures qui n’existent pas dans la loi fondamentale », souligne-t-il.

Refusant d’être une « coalition de caution », le GCAP appelle à un « dialogue sincère » entre une majorité et une opposition véritables, seul gage de stabilité et de restauration de la confiance des Tchadiens envers les institutions. La coalition affirme rester ouverte à un tel dialogue, mais sous réserve de conditions claires et honnêtes.

Dans une période où le pays est secoué par l’instabilité et un déficit de légitimité institutionnelle, cette sortie du GCAP vient raviver le débat sur la crédibilité du processus démocratique au Tchad. Alors que les appels au dialogue se multiplient, la méfiance reste le maître-mot au sein de l’opposition politique.

Constant Danimbe
Constant Danimbe
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